Du 23 au 31 août 2024
-Port Sainte Foy et Ponchapt
Nous fêtons nos dix ans et entrons sûrement en résistance. Lors de ces dix éditions nous aurons monté plus de trente spectacles, invité de nombreuses compagnies, accueilli plus de vingt mille spectateurs. Il faudrait s’en réjouir.
Pourtant, en écrivant ce texte, nous avons dans la bouche un goût amer.
Dans le monde qui advient, le monde qu’on nous impose, (celui d’Emmanuel et de Jordan), nous ne participons pas, ou trop peu, à l’économie de marché, notre entreprise ne fait pas de profits, nous ne possédons pas de capital, ne faisons pas d’investissements, n’enrichissons pas d’actionnaires. Nous dépendons, malgré nos recettes, d’argent public, nos métiers ne sont pas, comme nous l’a appris la pandémie, essentiels. Nous accueillons tous ceux qui souhaitent venir (sans distinction vestimentaires, de sexualité, d’identité, de couleurs politiques…). Nos spectacles ne prônent pas les valeurs d’une France soi-disant immuable, enracinée comme une vieille souche dans une forêt mythique.
En bref, nous ne serons peut-être pas les bienvenus demain. La grande Histoire a déjà prouvé que ces mouvements politiques s’encombrent peu de la parole des artistes.
C’est pourquoi nous avons choisi une programmation de combat. Avec les spectacles « Des Femmes », « Insurrections singulières » et « Atlas », nous invitons des propositions portées par des femmes et dont les thèmes résonnent avec nos questionnements : la fin d’une civilisation, le désir de révolte, la prise de parole des minorités. Nous avons décidé de reprendre « L’Oiseau Tonnerre » pour lancer à nouveau un cri de détresse face à l’état de la planète. Nous monterons « Richard III » pour rappeler à quel point l’humain peut être lâche, grégaire, méconnaissant, et porter au pouvoir ses propres passions tristes. Avec « Italienne scène » nous essaierons malgré tout de rire, de rappeler les pouvoirs salvateurs du théâtre. Enfin avec « Ostinato », nous inviterons pour la première fois du théâtre physique, sans parole, une déclaration d’amour à la vie.
Ainsi, chers spectateur.ices.s, même si ces mots peuvent paraitre grandiloquents, nous vous proposons d’entrer avec nous en résistance. Dans ces temps nauséeux, le théâtre réaffirme sa nature profonde : un exercice pour l’âme, une parole performative, un devenir humain.
Nous manquons d’optimisme, mais nous n’avons pas peur.
Le théâtre est notre coeur (com)battant.
– Collectif Pampa
